Shiromilla : Bonjour, merci infiniment d’avoir accepté cette interview, nous sommes ravies de pouvoir échanger avec toi sur ton métier et tes convictions.
S : Tout d’abord, peux-tu nous parler de toi et de ton travail pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?
M: Hello, moi c’est Martin, j’ai 34 ans et je suis papa de deux enfants (13 mois et 4 ans). Je suis ingénieur (mathématiques et informatiques) de formation et entrepreneur dans l’âme. J’aime surtout trouver les solutions les plus simples possibles pour résoudre des problèmes. Quelques-uns des projets sur lesquels j’ai travaillés : une boîte à rêves, un service pour découvrir les meilleurs restaurants à côté de chez soi, un service pour envoyer des cartes postales personnalisées, un outil pour les photographes professionnels Evlaa.
Au retour de deux ans en Nouvelle-Zélande et à la naissance de ma fille, j’ai travaillé chez Welcome To The Jungle en tant que product manager pour aider le maximum de personnes à trouver une entreprise qui leur correspond. Suite à la naissance de mon deuxième enfant, et le rapport du Giec, j’ai décidé de mettre mes compétences au service d’un projet à fort impact sociétal et environnemental.
S : Comment t’es venu l’idée de ce concept ?
A la naissance d’un enfant, notre vie est chamboulée et du jour au lendemain nous prenons conscience de la valeur de notre temps ! Les journées ne durent que 24 heures et il vous faut faire des choix.
Un enfant change huit fois de taille dans ses trois premières années, ce qui fait des centaines de vêtements à acheter, trier, stocker, vendre…
L’industrie du textile est l’une des plus polluantes (20% de la pollution d’eau douce est liée à cette industrie) et consommatrice d’eau (450 L d’eau pour fabriquer un body).
Il fallait donc trouver une solution pour simplifier la vie des parents dans cette logistique. J’ai alors échangé avec beaucoup de parents et d'acteurs de ce secteur pour identifier les problématiques des solutions existantes et essayer de les résoudre.
Bibou simplifie et rend désirable la seconde main pour les enfants de 0 à 3 ans en créant des communautés locales de parents qui s’échangent des vêtements et évitent de perdre du temps sur les plateformes de seconde main, dans les braderies ou à stocker des caisses de vêtements chez eux.
S : Il y a-t-il une sélection des pièces effectuée avant qu’elles soient proposées à l’échange ?
En faisant office de tiers de confiance, Bibou assure que l’ensemble des vêtements proposés à l’échange sont en parfait état.
En effet, c’est un des freins à la seconde main. En s’assurant de la qualité/propreté et en proposant une expérience utilisateur au top, je souhaite faire de la seconde main une nouvelle norme.
S : Travailles-tu seul ou en équipe ?
Aujourd’hui je suis seul à 100% sur le projet. En revanche, j’ai plusieurs personnes qui gravitent autour et me challengent au quotidien. Je cherche actuellement un.e associé.e pour aider Bibou à passer à l’étape suivante. Je cherche une personne avec de fortes valeurs écologiques et de simplicité.
S : Penses-tu que ce concept d’échange de vêtement aide à pallier aux problèmes environnementaux créés par la surconsommation ?
C’est mon objectif personnel. En simplifiant au maximum la vie des parents et la seconde main, j’espère pouvoir convertir une grande partie des parents Rennais et Français.
La seconde main permet de moins consommer de neuf et donc moins de production et de ressources utilisées.
Le concept d’échange permet d’éviter l’effet de rebond que peuvent avoir les plateformes de seconde main. En effet, un des effets dommageables de la seconde main classique est que cela “pousse” les consommateur à continuer d’acheter toujours plus de vêtements pas très cher puisqu’ils savent qu’ils pourront les revendre ensuite.
Chez Bibou, nous prônons la valeur d’usage et non pas monétaire, ce qui permet de s’affranchir de toutes les négociations désagréables sur le prix, d’optimiser la seconde main et d’éviter cet effet de rebond négatif.
S : Penses-tu également que ce concept est intéressant financièrement parlant pour les parents ?
Pour 20€ par mois, les parents vont pouvoir échanger en illimité les vêtements de leurs enfants de 0 à 3 ans (bientôt plus).
Sur Vinted par exemple, en achetant quelques vêtements (en parfait état), avec les frais de port et les frais de fonctionnement, on arrive très vite à plus de 20€.
En neuf, les prix sont encore plus élevés.
En boutique de seconde main, il y a environ 50% de marge entre le prix d’achat et le prix de vente. On arrive donc très vite à plus de 20€.
L’abonnement permet de réduire le coût, de maîtriser son budget et de se simplifier la vie car il n’y a plus de réflexions sur le prix d’un vêtement et on gère ses vêtements sans penser à son budget qui est déjà géré.
Cela peut paraître beaucoup, mais si l’on prend un peu de recul, dans la majorité des cas, cela revient beaucoup moins cher que notre fonctionnement actuel.
S : Penses-tu développer ton concept vers des vêtements pour enfants plus âgés ?
Suite à ce premier mois de test, beaucoup d’utilisateurs m’ont indiqué être intéressés pour des tailles plus grandes. Je vais donc très certainement pousser un peu plus et aller jusqu’à la fin de la maternelle (6 ans) puisque les enfants changent encore beaucoup de taille.
Je travaille également sur les vêtements de grossesse qui sont des vêtements peu utilisés et que l’on veut très rarement garder suite à une naissance.
Je vais aussi rajouter très rapidement les livres, jouets et petites puéricultures puisqu’il s’agit d'objets que l’enfant utilise peu avant de grandir et de passer à autre chose. Tous ces objets qui accompagnent la croissance de l’enfant, qui coûtent cher et qui prennent de la place ont leur place dans Bibou.
S : Consommes-tu toi-même des vêtements de seconde main ou éco-responsable ?
Pour les enfants, nous faisons en grande partie de la seconde main. Quelques pièces neuves mais uniquement sur des marques durables (très très peu de fast fashion).
Notre consommation évolue au gré de notre sensibilisation et nous cherchons à mieux consommer dans tous les domaines.
Simplifier la seconde main est pour moi l’enjeu principal pour en faire une norme. Il faut la rendre désirable en offrant une expérience utilisateur parfaite.
Pour ma consommation personnelle, je ne consomme que des vêtements éco-responsables et surtout en faible quantité.
S : Quel est ton plus beau souvenir en lien avec ton métier ?
Sur Bibou, je garde un très bon souvenir de la première semaine d’ouverture à la gare.
J’avais peur car je n’avais jamais fait ça (ouvrir une boutique n’est pas mon métier, loin de là). Et pourtant, j’ai réussi à créer une atmosphère plutôt accueillante et avec une belle image.
Mais le plus beau souvenir est à la fin de cette première semaine lorsque je regarde ce qu’il s’est passé et que je me rends compte qu’une centaine de vêtements ont été échangés. Cela correspond à 50 000 litres d’eau économisés, et cela m’a fait tout bizarre de voir ce chiffre et cet impact beaucoup plus grand que ce que j’avais imaginé. Cela me motive à aller encore plus loin et plus vite !
S : Comment vois-tu l’avenir de Bibou ?
Radieux ! :-D Les retours sont très positifs avec beaucoup d’apprentissages. C’est plusieurs centaines de vêtements échangés et plusieurs dizaines de personnes qui sont passées découvrir Bibou à la station Maif en gare de Rennes. Dans un futur proche, il s’agit de prendre du recul sur ce premier mois pour adapter Bibou à ces retours utilisateurs et l’améliorer pour en faire le meilleur service possible.
Sur le long terme, l’idée est d’ouvrir des Bibou un peu partout en France pour avoir un fort impact environnemental.
Je ne suis qu’au début de cette aventure qui s’annonce passionnante !
S : Pour finir, peux-tu nous partager ton actualité ?
Pas d’actualité très chaude à partager aujourd’hui. Si ce n’est que demain 15 juin, j’organise une discussion autour de nos émotions pour des duos parent-enfant (3-7 ans). Il s’agit d’un atelier gratuit à la station Maif, les inscriptions se passent ici :https://bit.ly/bibou-emotion.
Pour les liens :
Mon site web : https://bibou.me/
Comments